Rédigé par Nicolas Laporterie | Temps de lecture : 3 minutes
Qu'appelle-t-on rénovation énergétique ? Quels sont les enjeux et les obligations de la rénovation énergétique ? Est-ce rentable pour les propriétaires ? Quels sont les gains réels en terme d'économie d'énergie de ce type de rénovation ? Quel est le montant des aides financières ? Nous tentons de répondre à toutes vos interrogations.
L'urgence climatique et la pression populaire poussent les gouvernants du monde entier à agir afin de réduire les gaz à effet de serre (GES). De nouvelles législations voient le jour partout dans le monde afin de réduire l'utilisation des énergies fossiles : interdiction des véhicules thermiques dans certaines villes, financement réservés aux énergies vertes, malus pour les véhicules thermiques, taxe carbone, subventions pour les véhicules électriques et les énergies renouvelables, interdiction de location pour les passoires thermiques...
En France, la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), initiée en 2015 et revue périodiquement, est la feuille de route mise en place pour lutter contre le changement climatique et appliquer les Accords de Paris. Elle donne les moyens à mettre en oeuvre secteur par secteur afin d'atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, ce qui est un objectif extrêmement ambitieux.
Concernant le bâtiment, qui représente 25% des émissions de CO2 du pays, la SNBC vise un objectif intermédiaire de 49% de réduction des GES en 2030 par rapport à 2015 avant d'atteindre la décarbonation complète du secteur à l'horizon 2050. Pour cela, la stratégie mise sur l'amélioration de l'isolation, la sobriété énergétique et la performance énergétique de tous les équipements.
D'ici 2050, tous les logements devront être aux normes BBC (Bâtiment Basse Consommation). Pour mener à bien sa rénovation énergétique, la France se fixe ainsi pour objectif de réaliser 500 000 rénovations complètes par an jusqu'en 2030, et 700 000 / an au-delà. Cet objectif implique bien sûr d'importants investissements de la part de l'état mais également un lourd travail de formation pour le secteur du bâtiment afin de mettre les entreprises au niveau de ces nouvelles exigences.
Les avantages de la rénovation énergétique sont doubles :
Si les propriétaires ont tout intérêt à réaliser ces travaux de rénovation énergétique, ce n'est pas seulement par souci écologique. C'est dans leur intérêt financier de le faire car c'est un investissement rentable. Et à l'heure où le livret A ne rapporte presque rien, quoi de mieux qu'investir dans votre logement pour gagner du 5% par an !
L'Etat utilise le bâton et la carotte afin de pousser les propriétaire à améliorer les performances énergétiques des bâtiments. Il est incitatif par le biais de généreuses aides aux travaux, et contraignant en mettant en place des interdictions de location selon les étiquettes énergétiques des bâtiments, ainsi que des sanctions qui restent encore à définir.
Côté financement, le gouvernement n'a pas lésiné sur les moyens. Il s'appuie principalement sur MaPrimeRenov'. C'est une aide forfaitaire très généreuse variant selon le type de travaux réalisés et selon les revenus du ménage, qui peut aller jusqu'à 90% du montant des travaux pour les revenus les plus modestes.
Sur les contraintes, l'Etat n'a pas fait les choses à moitié non plus. Chaque bâtiment est caractérisé par une étiquette énergie représentant ses performances énergétiques. Cette étiquette va de A à G, F et G étant ce qu'on appelle des passoires thermiques. À compter de 2023, un logement classé G ne pourra plus être mis en location. Et à partir de 2028, même chose pour les bâtiments classés F avec des possibilités de sanction qui seront définies en 2023.
Comme on le voit, les incitations et les contraintes sont fortes. La rénovation énergétique a de belles années devant elle.
Maintenant que l'on a bien compris les enjeux, voyons comment mener à bien cette rénovation.
Le principe est assez simple. Le but final est de parvenir à une nette amélioration des performances énergétiques du bâtiment, c'est à dire à une étiquette A ou B correspondant aux standards du BBC (Bâtiment Basse Consommation).
Pour cela, la première chose à faire est d'isoler au maximum l'habitation. Cela permettra de réduire les besoins énergétiques été comme hiver. Cette amélioration de l'isolation rendant le bâtiment plus ou moins étanche à l'air, elle est généralement couplée à l'installation d'une VMC double flux afin de garantir le renouvellement de l'air à l'intérieur. Ensuite, la seconde chose à faire est d'installer un système de chauffage performant. Pour finir, il peut aussi être intéressant d'aller au bout de la démarche en installant des panneaux solaires afin de devenir également producteur de sa propre énergie verte.
Attention cependant à confier ce travail à des professionnels de la rénovation énergétique, sans quoi vous pourriez être très déçu du résultat.
Diverses options sont envisageables pour réaliser une rénovation énergétique mais certaines seront plus rentables et efficaces que d'autres. Pour faire les bons choix, il faut partir d'un diagnostic thermique sur l'état actuel du logement.
A partir de là, il est aisé de choisir les meilleures solutions en comparant coût et gain attendu pour chaque phase de travaux envisagée.
Voici les gains énergétiques attendus pour certains travaux :
Type de travaux | Gain énergétique |
Vmc à double flux standard | jusqu'à 15 % |
Isolation des murs (int. ou ext.) | jusqu'à 25 % |
Isolation des combles/toitures | jusqu'à 30 % |
Pompe à chaleur | jusqu'à 75 % |
Double vitrage | 10 à 15 % |
D'après une étude récente de l'ADEME, seuls 5% des rénovations aboutissent à une réelle amélioration des performances énergétiques.
Comment cela est-il possible ? En fait, ce chiffre n'est pas vraiment exploitable car il regroupe une mutitude de cas différents. On peut toutefois en tirer quelques enseignements.
Le principal problème qui saute aux yeux est le manque d'ambition et de cohérence des travaux. Bien souvent, il s'agit seulement de petits travaux : isolation du plafond seul, changement de la chaudière, changement de la VMC, etc... Si les rénovations ne produisent que peu d'effets, c'est parce qu'elles sont très partielles alors qu'elles devraient au contraire être pensées dans leur globalité.
Au-delà d'être partielle, cela pose un autre souci. L'isolation de la maison dépend du maillon le plus faible. Imaginons un propriétaire qui refait toutes ces menuiseries avec du double vitrage mais qui n'a pas d'isolation des combles. Dans ce cas, les fenêtres vont bien conserver la chaleur à l'intérieur, mais celle-ci va du coup s'échapper par le toit. Voilà pourquoi des rénovations mal pensées ne donnent que de faibles résultats.
Pour être efficace, la rénovation énergétique doit donc partir d'un audit énergétique qui va définir l'ensemble des travaux à réaliser. Ces travaux doivent absolument être réalisés dans l'ordre où ils sont définis, car sinon vous courrez à nouveau le risque d'en perdre une partie des bénéfices à cause des ponts thermiques entre les différentes parties de la structure.
Les travaux de rénovation énergétiques représentent des sommes importantes dont on attend en conséquence un retour sur investissement clairement visible. C'est pourquoi nous vous recommandons de les confier à des professionnels RGE expérimentés.
Comme nous l'avons évoqué, différentes aides financières sont proposées pour encourager la rénovation énergétique dont la principale et la plus connue est MaPrimeRenov'.
Parmi toutes ces aides, on trouvera :
Pour en savoir plus sur les aides disponibles, consultez notre rubrique "Aides à la rénovation énergétique".
Ces travaux de rénovation ont pour objectif de réduire les besoins en énergie de l'habitation et engagent des dépenses conséquentes.
Pour autant, ces travaux seuls ne permettront pas d'atteindre les objectifs de la SNBC. Ils doivent aussi s'accompagner d'une prise de conscience des propriétaires et des locataires, et d'une modification des comportements pour s'engager vers la sobriété énergétique.
Mais qu'est-ce que la sobriété énergétique ?
La sobriété énergétique consiste à réduire la consommation d’énergie par un usage approprié des équipements consommateurs d’énergie. Il ne s'agit pas comme certains veulent le faire croire de moins consommer, mais de consommer mieux, c'est à dire avec le moins d'énergie possible.
Voyons quelques exemples concrets pour illuster le propos. La sobriété énergétique, c'est :
De nombreux gestes et comportements du quotidien peuvent permettre d'économiser de l'énergie gratuitement et sans se priver de quoi que ce soit. Il faut juste que chacun intégre ces notions et agisse en conséquence. Avec la flambée des prix de l'énergie, nul doute que cette notion de sobriété continuera à faire son chemin.